Peu importe ce qui vous amène à l’hypnose, voici à quoi vous pouvez vous attendre dans ce type de traitement.

D’abord en hypnose clinique, n’est pas la prise de contrôle d’un individu comme on le voit en spectacle. Si c’est cela vous fait peur, il n’y a pas de raison de vous inquiéter.  Sauf indications contraires, dans le travail hypnotique, le professionnel ne vous fera pas faire des choses contre votre gré : il utilisera la méthode hypnotique pour faciliter le travail thérapeutique ou pour modifier, selon votre demande, un comportement, par exemple arrêter de fumer.

L’hypnose est plutôt une forme de suggestion pour vous mettre en état de relaxation TRÈS PROFONDE afin d’arriver à un niveau de conscience différent du niveau de vigilance que nous devons avoir dans notre état normal. C’est un peu comme quand vous êtes dans la lune, que vous en êtes conscient et que vous vous sentez bien et en repos.

Mais pourquoi l’hypnose ?

Les techniques d’hypnose en contexte clinique sont intéressantes et généralement efficaces. Elles permettent le recours à vos ressources conscientes et inconscientes. L’hypnose vous permet d’actualiser votre potentiel pour aller au bout de vos possibilités. L’hypnose permet de faire le point, elle permet de se recentrer sur l’objectif, de « reprendre ses esprits », de se « contenir ». Dans cet état de concentration extrême, on arrive à se regarder en face avec lucidité et de se résoudre à miser le tout pour le tout, à miser sur nous-même. C’est ce que promet l’hypnose, une manière de faire le point pour le navigateur de conscience que nous sommes (selon l’idée de notre collègue Rémi Côté).

Imaginez que vous êtes dans la lune (ce que les professionnels qualifient d’état dissocié), en état de repos total et que toutes les ressources dont votre corps dispose sont concentrées vers un but unique.  Pendant ce temps, vous entendez quelqu’un vous dire que tout va bien : vous vous pouvez arrêter de fumer…, que si  l’envie vous prend de fumer , vous pouvez vous remettre dans cet état de bien être. C’est ce qu’on appelle une transe hypnotique en contexte médico-clinique.

Comment être en état de transe ?

Cela peut varier d’un individu à l’autre.  Dans la culture populaire, on voit souvent l’exemple d’un hypnotiseur qui parle à un individu et qui lui fait des suggestions : vos paupières sont lourdes. La vérité est que le moyen qui vous permettra d’être en transe dans cet état de repos total pourra varier selon le ou les sens par lesquels on peut le plus facilement entrer en contact avec vous.  Plutôt qu’un texte auditif, une image en mouvement pourrait aussi vous induire cet état.   Dans une autre situation, ce pourrait être une odeur ou le rappel d’une sensation.

Notre cœur et notre cerveau travaillent en étroite collaboration sous le contrôle permanent de notre système nerveux autonome. Les recherches récentes en neurosciences démontrent que cette relation s’opère plus précisément entre le cœur et le cerveau limbique : les 40,000 neurones  autonomes du cœur et notre cerveau émotionnel se parlent continuellement. Selon les changements dans notre environnement, le cœur anticipe et prépare à la fuite ou au combat ou au contraire, il participe au calme et à la relaxation. En apprenant à contrôler notre cœur, nous apprenons à apprivoiser notre cerveau émotionnel et à rester pleinement présent à ce qui se passe à chaque moment de notre vie.

Contrairement à une horloge, le cœur humain bat à un rythme irrégulier. La variabilité cardiaque se définit comme la mesure des changements du rythme cardiaque d’un battement à l’autre. Sa  mesure reflète notre santé, notre forme physique et notre capacité d’adaptation à l’environnement. En situation d’anxiété ou de stress, les variations sont faibles et chaotiques mais, en situation de calme et de bien-être, la variabilité est forte et régulière : c’est l’état de la cohérence cardiaque.
L’effet bénéfique des exercices de respiration est connu depuis longtemps. Le biofeedback nous montre en temps réel ce qui se passe. L’inspiration accélère le rythme cardiaque, l’expiration le ralentit : c’est un phénomène physique découlant de l’action du diaphragme et de la pression perçue par les barorécepteurs de l’aorte et leur liaison au nerf vague. On sait maintenant que le rythme de 6 cycles respiratoires par minute entraîne une amplitude optimale et induit la cohérence cardiaque.

 

La cohérence cardiaque recentre l’activité du système nerveux autonome et entraine une meilleure synchronisation des systèmes qui en dépendent; elle envoie aussi des signaux d’apaisement au cerveau qui, en retour, pondère l’activation du système nerveux autonome. Plus précisément, la cohérence cardiaque augmente l’amplitude de la fréquence cardiaque en réduisant le nombre de variations : elle entraîne une légère altération de l’état de conscience, un état de neutralité émotionnelle et une oxygénation maximale sans les réactions liées à l’hyperventilation. On observe qu’au bout de quelques minutes de cohérence cardiaque, le taux de cortisol diminue mais le taux de DHEA et la concentration salivaire des immunoglobulines IgA augmentent pour 4 à 6 heures. Les résultats des recherches et les observations cliniques démontrent que la pratique régulière, pour une période de 3 mois, augmente la résistance au stress, améliore le rapport cortisol/DHEA et aide à réduire progressivement les symptômes d’anxiété. Des logiciels de biofeedback permettent la mesure de la variabilité cardiaque et facilitent un entrainement thérapeutique adapté accessible en bureau. Des formations en présence et en ligne sont aussi actuellement disponibles pour les  professionnels qui le souhaitent.

Dans la perspective du traitement adaptatif de l’information, il est utile de connaitre des techniques d’autocontrôle pour la phase préparatoire de la thérapie EMDR, comme le  souligne Francine Shapiro dans son dernier livre, Dépasser le passé (p. 71-74). La mise en place du « lieu sûr » (lieu calme) est facilitée grâce à la cohérence cardiaque : les signaux internes apparaissent plus clairs, il semble plus facile d’expérimenter les sentiments agréables et de ressentir des émotions positives intéressantes pour la suite du travail thérapeutique. En effet, l’exercice ou l’utilisation d’une application mobile liée à la cohérence cardiaque en début de travail permet souvent d’amener le client à un état de réceptivité propice à l‘établissement du lieu calme. Cela facilite d’autant le travail que la personne utilise d’emblée ses ressources personnelles.

Dans la poursuite du travail thérapeutique, la possibilité d’utiliser la cohérence cardiaque est un atout pour travailler les différentes cibles et permettre à la personne de retrouver son calme suite aux moments plus intenses de la désensibilisation. En France, l’Institut français d’EMDR offre déjà une formation complémentaire liée à la cohérence cardiaque (Essentia).

La cohérence cardiaque s’inscrit comme une avenue accessible et stratégique en psychologie de la santé. Sa pratique est un « anxiolytique » psychologique, écologique et mobile très utile pour accompagner les différentes phases du travail en EMDR. Comme une carte fidélité, on y gagne chaque fois qu’on l’utilise à bon escient!

Médiagraphie www.coherenceinfo.com

www.passeportsante.net (cohérence cardiaque)

O’Hare, David (2012). Cohérence cardiaque 365. Vergèze : Thierry Souccar, 102 p.
Servan-Schreiber, David (2003). Guérir.  Paris : Robert Laffont, 302 p.

Shapiro, Francine (2014). Dépasser le passé.  Paris : Seuil, 375 p.

Lorsque des personnes me laissent un message dans ma boîte téléphonique où m’écrivent pour obtenir un rendez-vous, je constate à quel point on attend beaucoup de l’hypnose. Est-ce que ces attentes sont justifiées ?

L’hypnose, une approche authentique

Dans un sens, l’hypnose de spectacle a beaucoup contribué à faire connaitre l’hypnose, mais dans son côté « fakirisme » qui n’a rien à voir avec l’hypnose clinique, dite scientifique. En effet, l’hypnose est une approche validée scientifiquement. Elle a fait ses preuves, mais ce n’est pas de la magie, ce n’est pas une panacée miraculeuse : son impact est réel, concret et véridique, car il se base sur la vérité et non sur un mensonge. En fait, s’il fallait décrire en un seul mot l’hypnose clinique et médicale telle qu’elle est présentement employée dans toute l’Europe, le mot « authenticité » serait sans doute le plus adéquat. L’hypnose est tout sauf un spectacle, tout sauf « arrangée avec le gars des vues ». Il s’agit d’une méthode basée sur la présence réelle, une méthode basée sur la réactivité du corps, sur l’accès à l’inconscient et au préconscient, aux représentations affectives et cognitives. L’hypnose agit directement sur la personne qui en ressent les effets immédiatement. Pour le psychothérapeute, les techniques d’hypnose sont très exigeantes car elles requièrent une présence réelle. Il se doit également d’adopter une posture psychologique respectueuse, ne pas être trop proche de son client mais avoir quand même accès à un certain niveau d’empathie. Le psychologue qui intègre l’hypnose et ses techniques en psychothérapie doit également se montrer prudent face aux préconceptions et aux préjugés tenaces face à la transe. Il n’y a rien de magique dans cette approche qui n’a véritablement rien de l’effet placebo, basée sur une fausse croyance. L’hypnose est une approche corporelle, dont les mécanismes d’action sont bien ancrés dans le système nerveux autonome. Il s’agit d’un mécanisme bien concret ancré dans la répétition et le conditionnement. Avec le bon encadrement, ces techniques sont maitrisables, modifiables, adaptables à beaucoup de problématiques touchant l’anxiété, les peurs, les traumatismes, les dépendances ou la douleur.

À quoi s’attendre ?

Dans le processus thérapeutique, on commence par l’évaluation, puis on s’entend avec le client ou la cliente sur les processus, les objectifs et les méthodes de traitement. Les techniques d’hypnose ne seront pas forcément utilisées. Il faudra d’abord évaluer la problématique et après, statuer sur les meilleures pistes de traitement envisageables. C’est pourquoi on doit véritablement travailler avec une personne professionnelle de la thérapie et du traitement des troubles mentaux. Une fois les méthodes de traitement déterminées, on procédera à la psychothérapie ou à l’hypnothérapie, si cette méthode s’avère indiquée pour la problématique présentée.

Traitement psychologique par l’hypnose

Pour être efficace, l’hypnose devra être utilisée par un ou une professionnelle formée adéquatement et sachant exploiter la puissance de l’hypnose, en évitant ses pièges et ses dangers. Les techniques d’hypnose ne doivent pas être utilisées de n’importe quelle façon et cette approche implique un niveau de responsabilité professionnelle élevée. C’est pourquoi, nous vous suggérons d’être très vigilant et de n’utiliser l’hypnose clinique que sous la supervision d’un professionnel de la santé membre de son ordre professionnel (Ordre des psychologues du Québec, Ordre des dentistes du Québec, Collège des médecins).